Né à Ziguinchor en 1923, fils de pêcheur, ouvrier, docker, Sembène Ousmane a forgé son destin à la force de ses mains, de ses mots, de ses images.
Romancier engagé, il devint cinéaste pour parler au plus grand nombre : « Le cinéma, disait-il, c’est l’école du soir du peuple. »
Son parcours fut celui d’un pionnier. Dans un continent où l’image était monopolisée par d’autres regards,
il prit la caméra comme on prend une arme de libération.
Borom Sarret premier film africain de fiction tourné par un Africain. La Noire de… — premier long métrage africain, dénonçant le néo-colonialisme. Xala, Ceddo, Camp de Thiaroye, Guelwaar, autant de chefs-d’œuvre, autant de combats.
Il a filmé les humiliés, les oubliés, les résistances. Il a montré une Afrique debout, consciente de ses forces, fière de ses cultures, lucide face à ses défis.
Père du cinéma sénégalais et africain, il a légué bien plus que des films : un regard libre, une parole courageuse, une méthode.
À la jeunesse d’Afrique, il laisse cet exemple : créer pour éveiller, filmer pour comprendre, raconter pour résister.
Et il nous rappelle : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur. »
Que cette leçon guide nos pas. Que chaque jeune cinéaste d’Afrique se fasse aujourd’hui historien de son peuple,
passeur de mémoire, forgeron d’images.
Sembène vit.
Dans chaque caméra qui ose,
dans chaque image qui réveille,
dans chaque conscience qui s’arme.
Honorons sa mémoire.
Prolongeons son combat.
Faisons vivre son cinéma.
Abou Tall – Scénariste – Poète – Formateur.