À
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre de la Justice,
Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre de la Famille et de la Protection de l’Enfance,
Et à l’ensemble des citoyens du Sénégal,
Objet : Plaidoyer pour mettre fin à l’exploitation des enfants mendiants dans nos villes
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Chers compatriotes,
Chaque jour, sous nos yeux impuissants, des milliers d’enfants déambulent dans les rues du Sénégal, dès l’aube jusqu’à tard dans la nuit.
En haillons, souvent pieds nus, ils tendent la main dans une mendicité forcée, exposés aux dangers de la rue, à la violence, à la misère, et à toutes les formes d’exploitation.
Ils sont partout : dans les marchés, les gares routières, devant les supermarchés, les stations-service.
Ils ne sont ni élèves, ni apprentis. Ils ne sont pas les talibés que nos traditions connaissent.
Ils sont des enfants exploités.
Ils viennent principalement des pays voisins — Guinée, Guinée-Bissau, Mali — ainsi que de nos régions du Sud (Vélingara, Kolda, Tambacounda, Saloum), avec une majorité d’enfants peuls.
Arrachés à leur milieu familial, utilisés comme outils de mendicité par des réseaux organisés, ces enfants vivent dans des conditions inhumaines, sans éducation, sans soins, sans avenir.
Il est important de souligner que dans leurs pays d’origine, la mendicité est interdite par la loi.
Comment, alors, tolérer qu’ils soient ainsi livrés à la rue dans notre pays, sans protection, sans justice ?
Le Sénégal, terre d’hospitalité et de valeurs humaines, ne peut continuer à fermer les yeux sur cette tragédie silencieuse.
Chaque enfant abandonné dans la rue est une blessure ouverte dans notre conscience collective. Chaque enfant exploité est un futur brisé.
C’est pourquoi nous appelons solennellement l’État du Sénégal à agir sans délai :
En démantelant les réseaux qui exploitent ces enfants,
En rapatriant ceux qui viennent de l’étranger vers leurs familles,
En punissant sévèrement les responsables de cette traite déguisée,
En offrant à ces enfants une protection, une éducation et une chance de reconstruire leur vie.
Les moyens juridiques existent. Ce qui manque, c’est la volonté d’agir avec fermeté et compassion.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Un pays qui laisse mendier ses enfants compromet son présent et hypothèque son avenir.
Un peuple qui n’assure pas la protection de sa jeunesse trahit ses plus nobles valeurs.
Nous en appelons à votre responsabilité historique.
Nous en appelons à la conscience de tous.
Pour que plus jamais un enfant ne soit réduit à tendre la main dans nos rues,
Pour que le Sénégal reste fidèle à son honneur,
Nous demandons : Agissez. Maintenant.
Respectueusement,
Abou Tall
